Le temps est fort bleu, et sans vent, et tiède, en ce cinquantième mensuversaire. Et pour se recueillir, on pourrait aller Vitrolles (Bouches-du-Rhône), où notre aîné nous a signalé un étonnant cube.
Certes, Vitrolles n’a rien pour inspirer l’amour, elle se laisse aller, perforée par l’A7, survolée par les avions qui vont et viennent à et de l’aéroport voisin de Marignane, envahie d’industries, polluée par elles et par le pôle pétrochimique de l’étang de Berre.

Cependant…
L’accès au cube, dans son décor de décharge de bauxite abandonnée, est accueillant :

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On se faufile, et le cube se révèle dans toute sa splendeur, derrière son palmier ( ?) de métal :

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Ce cube de béton sombre aux acrotères ondulés, à la façade s’illuminant la nuit de lumières cachées derrière des triangles de couleur, est l’œuvre du grand architecte Rudy Ricciotti (né en 1952), célèbre pour le MUCEM de Marseille, et aussi pour le Centre chorégraphique national d'Aix-en-Provence, le Palais du cinéma de Venise ou le Philharmonique « Les Arts Gstaad », en Suisse (entre autres).

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Le cube de Vitrolles était, à l’origine (1990), conçu pour être une « salle de rock », le « Stadium », de 4500 places.

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Inauguré en 1994, il abrita aussi l’équipe de hand-ball OM-Vitrolles, présidée alors par le petit frère de Bernard Tapie, Jean-Claude. Après la déroute financière du club en 1996, la mairie FN de Vitrolles (les époux Mégret, élus en 1997) tenta d’y organiser un concert de rock identitaire qui fut perturbé par l’explosion du groupe électrogène de la salle. Jugeant que le Stadium était un « lieu destiné aux Arabes et aux pédés », les mégretistes finirent par fermer le Stadium en 1998, après quatre ans d’activité.

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Et voila presque vingt ans que ce cube brutal est abandonné.

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Cependant…
Pour se remettre de cette rude réalité, si on allait se balader du côté de l’enfer ?
Le ravin de l’Infernet se trouve à la limite des communes de Vitrolles et des Pennes-Mirabeau. L’entrée se fait par un porche encadrant cette enseigne. On ne peut pas se tromper :

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En remontant le cours de l’Infernet, on longe sous les chênes défeuillus la petite rivière aux rives embroussaillées :

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et bordée de constructions plus ou moins légitimes :

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Ce n’est pas bien beau, jusqu’à ce que nos pas nous conduisent finalement dans un majestueux paysage de western, que je vous livre ici en Cinémascope et en Technicolor :

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Les arbres calcinés semblent les stigmates d’une récente attaque d’un campement indien par les tuniques bleues dans ce canyon du Diable :

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Dans un recoin sourd l’Infernet hors de son Gouffre :

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Là, la balade s’achève et il faut malheureusement revenir sur ses pas.

Cependant…
Vitrolles est aussi un vieux village, blotti contre la pente sud du pied du rocher (« roucas », comme on dit de par ici) qui la surplombe :

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On s’y déplace de calade en calade :

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dans l’enceinte des rempart ou, plus à plat, hors les murs, observant au passage :
- d’intéressantes promesses non tenues (annulation du spectacle des Dindoulets dou Roucas, bagad du pays d’Aix ; crèche fermée le 5 janvier 2018 à 14h28) :

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- un évier de pierre (ou « pile », comme on dit de par ici), sous un olivier :

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- un linteau sculpté :

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- le bas-relief de la reine Jeanne en jupette, reine de Naples, comtesse de Provence et de Forcalquier, qui avait vendu son fief de Vitrolles en 1379 et mourut assassinée après avoir été suspectée d’avoir provoqué la mort de son mari ; celui, récente imitation d’ancien, d’un brave homme dont je ne sais rien ; enfin, un très vieil écusson, au Portalet :

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Le Portalet, c’est la porte ouest des remparts de la ville. Une jolie petite vierge s’y niche :

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Cependant…
En se rapprochant du rocher, les calades deviennent escaliers, de plus en plus raides :

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Après s’être ainsi élevé de quarante mètres, on arrive au sommet du rocher :

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Là-haut se trouve une tour (XIe siècle) qu’on nomme aujourd’hui (depuis le XXe siècle) « sarrasine » songeant qu’on se méfiait alors des invasions barbaresques, mais/et qui aurait fait partie d’un ensemble fortifié, garnison ou même prison :

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Au sommet du rocher est aussi une chapelle romane de la même époque que la tour (XIe siècle), la chapelle Notre-Dame-de-Vie, dont le porche est au ras du précipice :

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Son clocher est surmonté d’un statue dorée :

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À l’intérieur, des ex-voto (1881-1935), des décors peints (XVIIe), et une vierge qui descend de son rocher le 14 août, revêtue d’une robe de tissu et accompagnée par les pèlerins, jusqu’à l’église Saint-Gérard, au bas du village, pour assister à la messe du 15 août :

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Du haut du rocher, la vue sur l’étang de Berre, le deuxième plus grand étang d’eau salée d’Europe avec ses 155 km2, en montre toutes les beautés, y compris les installations pétrolières et l’aéroport de Marignane :

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Mais redescendons donc pour voir le rocher, sa tour et sa chapelle en vue d’ensemble (face nord) :

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Cependant…
Nous passerons rapidement sur le parc Christine Gounelle, agréablement aménagé en cinq restanques, où se trouve un grand cèdre planté au XVIIe siècle et une glacière aux murs de pierres sèches, sans mortier, où l’on conservait pour l’été la glace apportée en hiver de la Sainte-Baume :

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Cependant…
En quittant le vieux village pour rejoindre les rives de l’étang de Berre, Vitrolles prend un air de vacances :

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La plage de Marette (ou des Marettes), dans le quartier des Vignettes, est habitée toute l’année par de peu farouches cygnes qui se promènent sur la berge et sur l’eau, nous rappelant que l’étang est peu salé, adouci qu’il est par les rejets de la centrale hydroélectrique EDF de Saint-Chamas. Si on est courageux, on peut s’y baigner tout l’été, la qualité de l’eau étant jugée « excellente » en 2014, 2015, 2016 et 2017 par le GIPREB, Groupement d’Intérêt Public pour la Réhabilitation de l’Étang de Berre, devenu syndicat mixte.

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Certes, Vitrolles souffre de ses environnements…

Cependant…
On peut y faire de chouettes balades propices au recueillement, non ?

Bises.


d.