La Bretagne est une étonnante région où, même à la fin de juillet, la sécheresse ni la chaleur n’ont aucune prise. L’herbe y est verte, le ciel gris et l’eau coule en abondance.
Ainsi à Pontrieux, dite « La petite Venise du Trégor », dite aussi « La Cité des lavoirs ». On en compte une cinquantaine, de lavoirs, abrités sous de petits toits au flanc des maisons bordant le Trieux, dont bon nombre sont privés.
Dans les plus riches demeures, un étage était bâti au-dessus du lavoir, pour « donner l’occasion aux propriétaires de profiter du calme et de la quiétude des berges » (comme le dit la notice explicative affichée sur le mur d'un des lavoirs). Parfois « cette pièce supplémentaire était destinée au logement de la lavandière ». L’un n’empêchant pas l’autre, l’heureux propriétaire pouvait probablement y profiter aussi de la lavandière…

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Les lavandières, les maheureuses, lavaient à genoux, posées dans une sorte de caisse de bois : « agenouilloir », « baquet », « garegenoux », « triolo », « cabasson » ou « carosse », les appellations varient suivant les régions.

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Ici, la « chapelle » Notre-Dame de Confort, à Confort-Berhet, a les dimensions d’une église. C’était la chapelle des seigneurs du Périer de Koad Kognon. Son clocher-mur accolé d’une tourelle est dans le style de la lignée des Beaumanoir, picoteurs de père en fils aux XVe et XVIe siècles.

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L’église de Coatréven, qui date du XVIe siècle mais dont le porche et le clocher à tourelle sont du XVIIIe, adopte un style semblable. Le toit a été enlevé par la tempête en octobre 2013.

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L’église Saint-Hervé, à Quemperven (XVIe siècle, remaniée au XVIIIe), n’a pas de tourelle pour accéder au clocher-mur : on y grimpe par un escalier droit extérieur (visible sur la photo).

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La porte de sa « nouvelle sacristie » (1770) est surmontée d’une inscription où je lis « ETRE GROS ». Ambitieuse devise !

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Dans le cimetière attenant à l’église, un sorte de petite serre vitrée abrite un gisant : Dom Maudez-René Le Cozannet (1666-1720), curé de Quemperven de 1712 à 1720 :

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Un escargot gidouillesque et malicieux s’est niché et repose dans l’orbite gauche du gisant. Ce colimaçon rêve sans doute aux quelque soixante-et-une guérisons miraculeuses opérées par l’intercession post-mortem du bon abbé.

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La cathédrale de Tréguier, vaste édifice hétéroclite des XIe, XIIIe, XIVe et XVIIIe siècles, est dédiée à Saint Tugdual, un Gallois immigré en Armorique au Ve (ou VIe) siècle, après son accostage à Trébabu, commune du Finistère, dans le Léon, qui nous évoque, bien sûr, l’Hymne des Babus, dans Signé Furax des regrettés Pierre Dac et Francis Blanche (https://www.youtube.com/watch?v=4e-7fjOUovk).
Tugdual fut le premier évêque de Tréguier, qui en compta soixante-dix-sept autres jusqu’à la promulgation de la Constitution civile du Clergé en juillet 1790 (refusée par l’évêque d’alors) et à la suppression de l’évêché par le Concordat de 1801.
« Les quatorze derniers » d’entre eux (mais ils étaient seize sur la période indiquée « 1587-1801 » : il en manque deux) ornent un mur de la cathédrale. L’avant-dernier, qui fut évêque de 1775 à 1780, s’appelait Jean-Baptiste-Joseph de Lubersac. On ignore pourquoi son portrait se singularise par un cadre doré.

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Mais il n’y a pas que des églises, en Bretagne. On y trouve aussi des piscines municipales…

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de la mer, du soleil (parfois), et des bateaux…

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une petite-fille, adorable pataugeuse…

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et d’omniprésents hortensias.

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Kenavo ar wech all, et bises.


d.