Les Vans et quelques environs
Par D(M)F le vendredi 16 juin 2017, 18:33 - Lien permanent
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L’Ardèche touche au Gard. Il suffit de remonter nord-nord-ouest...
L’Ardèche touche au Gard. Il suffit de remonter nord-nord-ouest, après Uzès, Lussan, Méjannes-le-Clap et Saint-Jean-de-Maruéjols pour débarquer, en franchissant la frontière séparant le parc national des Cévennes du parc naturel régional des Monts d’Ardèche, en terre ardéchoise, sur une route de corniche où la petite chapelle de Sainte Philomène domine la vallée du Chassezac, juste avant d’arriver aux Vans :
Un peu plus loin, une fois descendu dans la vallée, se trouve le village – un gros bourg – nommé Les Vans, tout comme les baskets des skate-boarders des années 80-90. Les Vans, c’est un curieux endroit qui semble fait pour les vieux babas ; les enseignes des boutiques en témoignent :
ainsi que les graffiti :
Même les véhicules sont assortis :
Les Vans sont un village d’accueil pour réfugiés. Une quarantaine d’entre eux sont logés dans l’ancien hôpital où l’association Entraide Pierre Valdo s’occupe d’eux : Peace and Love !
Les Vans possèdent aussi un des rares temples protestants de France de plan extérieur circulaire. Un autochtone nous a prétendu qu’il n’y en avait que deux en France de ce type, mais une recherche rapide en propose au moins six en plus de celui des Vans : à Lassale (Gard), à Lézinier (commune de Saint-Andréol-de-Clérguemort, Lozère), à Orléans (Loiret), à Taulignan (Drôme), à Saint-Gelais (Deux-Sèvres) et à Lagarde (commune de Barry d’Islemade, Tarn-et-Garonne). Tous datent de la première moitié du XIXe siècle.
À deux kilomètres à l’ouest des Vans, on s’élève de plus de 150 mètres sur les pentes du Grisel par un raidillon en cul-de-sac qui aboutit à Naves, village « de caractère », donc très touristique (heureusement encore assez tranquile par ce vendredi après-midi de juin) :
dont les calades aboutissent à la mairie et à l’église Saint-Jacques-le-Majeur, du XVIIe siècle (sur bases du XIIe) :
Dans l'église, sur les murs du transept gauche, étaient accrochés vingt-deux planches anonymes narrant la très horrifique histoire des prêtres réfractaires de Naves.
Je vous les livre in extenso, en suivant de gauche à droite leur ordre d'accrochage, et en y ajoutant les quelques notes que voici :
- La Constitution civile du clergé est un décret adopté après la Révolution par l’assemblée constituante, le 24 août 1790, réorganisant l’église de France. L’obligation faite aux religieux de lui prêter serment scinda la population ecclésiastique en deux camps : le « clergé constitutionnel », pro-révolutionnaire, et le « clergé réfractaire », contre-révolutionnaire.
- Le comte François-Antoine de Boissy d’Anglas était alors procureur général de l’Ardèche.
- Simon Coren-Fustier était alors juge de paix de la ville des Vans.
- Le très contre-révolutionnaire comte François-Louis de Saillans s’était lancé début juillet 1792, enfreignant les directives des « Princes émigrés », dans une audacieuse sédition visant à soulever tout le quart sud-est de la France contre la Révolution, à partir du « troisième camp de Jalès », à proximité des Vans. Ce fut une débâcle, et Saillans, en fuite, fut chopé et promptement décapité par la population sur la place de la Grave, aux Vans, le 12 juillet 1792 (« Mais on se souvient du comte de Saillant... » : normal, deux jours après son exécution !).
Au nord des Vans, un joli pont médiéval (XIIIe siècle) très étroit, long de 120 mètres et haut de près de 13 mètres, protégé par ses forts avant-becs, franchit le Chassezac et mène tout droit à l’église et au château de Chambonas :
De loin, ses toits vernissés luisent au soleil :
Bises.
d.