Derrière chez moi, savez-vous koikiya (chantaient les Charlots) ? Eh bien, il y a ce petit chemin qui sent la sarriette (comme chantait à peu près Mireille) :

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On le trouve en bas de la route de Sernhac, avant le pont du train, en remontant à droite de la grosse dalle de pierre en pente, puis en prenant le premier chemin sur la gauche. Ça monte le long du flanc de la colline appelée Ferraud, vers Sernhac.
On longe un immense champ de marguerites communes et d’euphorbes où rougeoie comme un ptit coquelicot, mon âme, comme un ptit coquelicot (que chantait Mouloudji). J’aurais voulu que ma Marie le voit, ce champ, elle qui aimait tant les ptits coquelicots, ceux de la chanson malgré – ou à cause de – son pathétique épilogue, et les autres.

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Les vues vers l’Est s’étendent sur la plaine du Gardon et du Rhône de Remoulins jusqu’aux Trois Collines qui gardent le nord de Beaucaire (la colline de l’Aiguille, le rocher de Triple Levée, et la colline de Saint-Roman où se tient l’abbaye bénédictine troglodyte) en passant par l’omniprésente cheminée de l’usine EDF désormais inactive de Montfrin :

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Puis on côtoie un falaise pierrue qui semble avoir été carrière :

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et on rejoint l’entrée d’un tunnel :

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C’est que les esclaves des Romains ne se contentaient pas de construire des ponts pour conduire l’eau des sources de l’Eure d’Uzès à Nîmes, ils franchissaient aussi les obstacles en creusant des passages souterrains. Celui-ci est le tunnel de Perrotte. Allons-y.
On y progresse légèrement courbé sous environ 1m70, éclairé de temps en temps par un puits de visite donnant de la lumière, pendant quelque 60 mètres :

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avant de s’en extraire :

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Poursuivant notre chemin (à travers une zone dégagée servant de parking aux visiteurs peu marcheurs arrivés par Sernhac), on s’égare en continuant à suivre les hauteurs de droite. Mais on rencontre un mur appuyé à la roche, équipé d’un four :

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À quelques mètres à gauche du four, un évier ou baignoire complète les installations ménagères :

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Le chemin continue, s’élevant de plus en plus et rendant de ce fait improbable d’y trouver la suite de l’aqueduc romain. Heureusement, un croisement permet de retourner en arrière et de redescendre vers le parking.
De là, éliminant l’itinéraire erroné, on rejoint l’entrée d’un autre tunnel, celui des Cantarelles, qui pénètre une avancée rocheuse située sur la gauche, et non sur la droite comme précédemment.

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Ce tunnel-ci est un peu plus court, un peu plus tortueux et moins bas de plafond que celui de Perrotte :

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et son issue est – curieusement – double :

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Chemin faisant dans le tunnel, on peut voir sur les parois, outre les traces des coups de pioche des braves esclaves, les empreintes d’ancrage des lampes à huile qu’ils utilisaient pour y voir quelque chose :

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Il paraît qu’en suivant ce chemin plus avant, on rencontre encore, quelques kilomètres plus loin, d’autres restes du célèbre aqueduc.

C’est peu croyable, tout ce qu’il y a derrière chez moi !
Notamment des ptits coquelicots :
« Quand je l’ai prise dans mes bras / Elle m’a donné son beau sourire / Et puis après, sans rien nous dire, / Dans la lumière de l’été / On s’est aimé, on s’est aimé !
Et j'ai tant appuyé / Mes lèvres sur son cœur / Qu'à la place du baiser / Y avait comme une fleur / Comme un ptit coquelicot... ».

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Bises.


d.