Voici revenu le temps des asperges et du soleil. Une petite balade ? Que diriez-vous d’aller au nord du département du Gard, vers la vallée de la Cèze, voir à quoi ressemble Saint-André-de-Roquepertuis, où se trouvait bien avant JC un oppidum des Volques Arécomiques, ces ancêtres fondateurs de Nîmes desquels je me sens doublement familier (1) ?

C’est un charmant village doté d’une église forte du XIIe siècle, avec façade du XVIIIe :

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En bordure du village se trouvent des jardins modelés au XVIIIe siècle, délimités – comme à Valliguières (voir la balade du 20 octobre 2016) – par des murs de pierres qu’on appelle ici dans le Sud des « clapas » (Méjannes-le-Clap n’est pas loin, à une dizaine de km) :

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On y accédait par d’étroits chemins :

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et par des portes entourées de pierres de taille :

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Rappel :

Vous savez peut-être que je suis, dans ma lutte contre les Antliaclastes, un fervent sectateur de la pompe Rouget (« Gloire à Rouget, pompeur illustre ! ») et, par-là, des pompes, qui sont des œuvres. Vous avez pu contempler la pompe Farcot Frères et Cie exposée à Caderousse (balade du 30 novembre 2016) :

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J’admire tout autant sa cousine non signée qu’on peut voir au bord de la Seine, à Boulogne-Billancourt, au niveau de la passerelle de l’Avre qui permet de passer à Saint-Cloud (photo prise à onze heures du soir, le 30 décembre dernier) :

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Eh bien ! à Saint-André-de-Roquepertuis, on pompe aussi, et joliment.
Ici, où la station de pompage est comme une chapelle, c’est une pompe à bras :

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Là, où l’on pompe un lion de marque Dragor (Breveté SGDG), c’est une pompe à chaîne et godets, spécialité de Dragor, société fondée au Mans en 1919 par Henri Legou :

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Elle peut être manœuvrée soit par un volant, soit par une manivelle :

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Le lion crache dans un entonnoir relié à un tuyau qui repousse le jet d’eau hors du puits sous-jacent :

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Mais trêve de ces pompes-là, et prenons nos pieds bien chaussés pour nous éloigner du village en direction du sud-est, au-delà du cimetière d’où l’on voit l’ensemble du village :

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En suivant la petite route et obliquant plein sud, on arrive bientôt au hameau Esbrezun environné de très vieux ceps d’où s’écoula et s’écoule encore un vieux côtes-du-rhône :

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On y salue la croix, don de Mademoiselle Rose Cassan en 1894, et on admire l’abréviation d’époque de « Mademoiselle » :

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Plus loin, passé le hameau, se rencontre au milieu de rien un lavoir muni d’une fenêtre – ici bouchée – semblable à celle de la pompe-chapelle du village :

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On y battait et lavait au pourtour du grand bassin d’où l’eau sale s’échappait par l’angle (ici à droite), et on y rinçait dans le petit, alimenté en eau propre par la longue goulotte de pierre et évacué vers le bassin de lavage :

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Traversés un autre hameau, mais moche, et une route, on grimpe par un chemin terru dans des sous-bois tapissés de vieilles feuilles de chênes, et odorants des pins, des thyms et des cades. On rejoint le sentier de corniche des Rochers de Lancise, presqu’en haut de la ligne de collines, longeant vers le nord-ouest leur versant orienté sud-ouest, abrité du mistral et soumis au soleil. Le sentier est longé à droite par un mur de pierres et à gauche par un petit précipice, mais abrupt, de quelque cinquante mètres de haut. Et la largeur du sentier varie entre 50 cm au mieux et 0 cm au pis, où s’accumulent les zobstacles.

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Ce 10 mars comme un 8 juin dans la forêt vierge de Clavières-en-Auradou, la dégoulinante sueur pique les yeux quand le regard embrasse le paysage ou les cimes, et se répand sur les verres des lunettes si on regarde où on met les pieds. Ce qui n’empêche pas de jeter un œil sur la lointaine vallée de la Cèze :

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ni de se prendre pour YAB, sans qu’il soit besoin d’hélico :

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Enfin, on redescend doucement vers le village, dans les fleurettes printanières :

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Bises.


d.

(1) : « V » et « F » sont deux fricatives labio-dentales qui peuvent se confondre : le « Volk » allemand est le « folk » anglais. Comme l’a noté incidemment François de la Chaussée dans son éclairante étude sur Les bilabiales du latin classique au gallo-romain (in : L’Information grammaticale, Année 1980, Volume 6, N° 1, pp. 11-17), le « V » peut se transformer en « F » (exemples de « Serf » et « Cerf ») :

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Aussi bien, le « QUE » est aussi « C », comme en témoigne cette pièce gallo-romaine des Volques Arécomiques où Volque prenait un « C » :

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Ainsi un « Volque » ou « Folque » peut se dire « Volc » ou « Folc ». Plus qu’un « U » et le tour est joué.

Quant à « Arécomique », je l’entends bien sûr « Art et Comique », ce qui me le rend très proche.